Communication présentée au Congrès international "Piaget-Vygotsky", Genève, 11-15 septembre 1996. Une version différente est parue en italien: Quale razionalità limitata per la morale. La genesi delle norme in Jean Piaget,"Politeia", 13, no. 46, 1997, pp. 48-55.


Francesco Aqueci

La sémio-éthique de Jean Piaget


«Vorrei studiare i postulati etici dell'evoluzione» (Sorel à Croce, le 4 août 1899).

1. Dans cette communication je parlerai surtout des aspects éthico-discursifs de la pensée de Piaget, et je le ferai en proposant une confrontation avec la pensée de Georg H. von Wright. Comme chacun le sait, von Wright a transposé dans l'éthique une certaine façon de s'interroger propre à Wittgenstein, dont il était très ami. Il est à l'origine d'un des plus originaux essais de logique de l'action, et on peut dire qu'il a fondé la logique déonthique ou logique des normes. Piaget a beaucoup réfléchi sur tous ces thèmes, comme des ouvrages telles que le Jugement moral chez l'enfant, l'Essai de logique opératoire, les Ètudes sociologiques en temoignent abbondemment. Il faut dire que le Piaget éthico-discursif est assez peu connu et que, en tout cas, on le considère comme un Piaget mineur. Je crois que cela est une façon de voir trompeuse, et qu'il s'agit au contraire de thèmes qui sont au coeur de toute son élaboration. C'est aussi pour defendre ce point de vue que je vais proposer la confrontation entre Piaget et von Wright.

2. Pour commencer, je voudrais vous raconter quelque chose sur ma petite fille, Anna. Ma fille Anna est âgé d'un an et demi, un âge crucial, comme le bon Piaget nous l'apprend. C'est le moment où chez les enfants, et donc chez ma fille Anna, s'achève, entre autre, la fonction sémiotique. Et là, je crois, on ne finit jamais d'observer des choses. Ce que j'ai remarqué, c'est que Anna, quand elle essaye de saisir quelque chose (un des ses vêtements, un foulard de maman, un crayon de papa) qui lui échappe des mains et qui tombe par terre, elle s'écrie: «Cassé!». Mais elle s'exclame «Cassé!» aussi quand elle m'indique de son doigt un interrupteur électrique dans la paroi, tout en voulant signifier son envie de le tourner pour allumer la lumière. Et, par contre, quand le courant soudainement s'éteint, elle s'exclame encore: «Cassé!». Je pourrais citer encore d'autres occurences de cette exclamation «Cassé!» chez ma fille (par exemple, au moment où le capuchon d'une plume cède finalement aux éfforts qu'elle fait pour le retirer), mais sa signification est déjà suffisament claire: elle survient chaque fois que, dans son monde, il y a une transformation d'un état a à un état b, et cela, soit que cette transformation depend de son vouloir, soit qu'elle ne le depend pas. Nous pourrions formaliser le fragment de logique naturelle du changement qu'une telle exclamation met en évidence avec la formule suivante:

a CASSÉ b,

et nous purrions dire que la prédication olophrastique «cassé» représente un opérateur de transformation, tandis que le lettres a et b à sa gauche et à sa droite représentent respectivement l'état de chose initial et l'état de chose final d'une transformation. Il va de soi que ma petite fille Anna ne connaît pas les livres de von Wright, mais la logique du changement que celui-ci a construit, se base sur une formule très semblable à celle que nous venons de fixer pour exprimer la façon qu'a Anna d'indiquer, invoquer ou accompagner les transformations dans son monde. En effet, selon von Wright, la trasformation ou «événement» est la transition d'un état de chose qui caractèrise la situation precèdente (état initial) à celui qui caractèrise la situation suivante (état final), et la formule qui exprime une telle logique de l'événement est la suivante:

pTq,

là où p indique l'état de chose initial, T la transformation, q l'état de chose final (1963: p. 67). Selon von Wright, un exemple typique et très simple d'événement est le passage d'une fenêtre de son état de fenêtre fermée à son état de fenêtre ouverte, à la suite d'un ordre tel que «Ferme la fenêtre». Cependant, par rapport à la formule des transformation de Anna, les lettres de la formule de von Wright ont une particularité qu'on ne doit pas négliger. Dans la logique du changement de Anna, les lettres a e b indiquent des états du monde et CASSÉ est un élément de la langue naturelle que Anna est en train d'apprendre. C'est à cause de cette "adhérence" à la réalité verbo-motrice du monde de Anna, que nous parlons de fragment de logique naturelle du changement. Au contraire, chez von Wright, p et q indiquent des énoncés qui décrivent des états de choses, et T l'énoncé normatif qui induit la transformation. En général la formule pTq est une représentation schématique d'énoncés qui décrivent des changements ou, selon le terme technique choisi par von Wright, des événements (1963: 67; 83) . Comme on le sait, cette formule a été conçue par von Wright pour engendrer le calcul propositionnel déontique. On sait aussi que la logique du changement dont cette formule est le coeur, a été conçue par von Wright en opposition à la logique formelle standard, à laquelle, suivant un style de pensée très wittgensteinien, il reproche son caractère statique. Le point de départ de von Wright est, en fait, que si on veut se servir des moyens propre à la logique pour formaliser des notions typiquement normatives telles que celles d'obligation ou de permission, alors il faut adapter la logique au monde dont ces notions font partie, un monde qui est fait de actes, et qui est donc intrinsèquement lié au changement (1963: 33). Cependant, ce même point de départ, c'est-à-dire la confrontation polémique avec la logique formelle standard, limite, pour ainsi dire, l'étendue de son essai de construction d'une logique de l'action: les transformations dont il s'occupe sont en effet des transformations verbales, sa logique débute et finit dans le langage. Cela est probablement à attribuer au fait que von Wright conçoit la logique comme un miroir qui réfléchit ce qui se passe dans le monde, et, comme le monde est dynamique (voilà son intuition), il veut reflèter au mieux un tel dynamisme. Dans ce but, il introduit les concept d'événement et de transformation. En d'autres termes, il vise à ameliorer la qualité du miroir (la logique) dans lequel se réfléchit l'image du monde. Tout à fait différente est, comme on l'a vu, non seulement la logique de Anna, mais aussi, et pour cause, celle de Piaget, pour lequel la logique ne réfléchit pas le monde mais en fait partie, et en exprime le dynamisme intrinsèque. Elle est, nous dit Piaget, «un processus continu de formalisation» (1949: 41), dans lequel toute structure est en même temps forme pour les formes inférieures, et contenu pour les formes supérieures. Le dynamisme de la logique est donc celui même du monde auquel elle adhère, et en ce sens on peut dire que la logique est dynamique, c'est-à-dire tout justement un «processus continu de formalisation» de structures vivantes. La confrontation de Piaget avec von Wright que je suis en train de proposer ici, ne doit pas étonner, car Piaget se pose un problème semblable à celui de von Wright, c'est-à-dire le dépassement d'une conception statique de la logique (1949: 255). Pour cela, il propose un concept d'opération qui rappelle de près celui d'événement que nous avons trouvé chez von Wright. Pour Piaget, en fait, les opérations sont des transformations d'une structure à une autre (1949: 55). Il posera aussi que ces transformations sont des systèmes d'opérations mobiles et réversibles (1949: 255), mais cela est un point que nous pouvons ici laisser de coté. Au contraire, je voudrais rappeler d'autres aspects de son concept d'opération, lesquels nous ramènent au sujet sémio-éthique qui est le nôtre, et qui justifient la confrontation avec un auteur tel que von Wright. Pour Piaget, si du point de vue formel les opérations sont des transformations, du point de vue réel elles sont des actions (1949: 11). Actions équilibrées, Piaget nous dit. Mais cela aussi est un point que nous pouvons ici négliger. Ce qui doit nous intéresser, c'est le fait que les opérations, en tant qu'actions, ont «une histoire les rattachant aux activités concrètes du sujet» (1949: 11). D'un point de vue psychologique, «cela revient à montrer la continuité entre les coordinations sensori-motrices et les actions effectives, puis entre celles-ci et les actions intériorisées ou actes symboliques caractérisant la pensée » (1949: 11). C'est en ce sens qu'on peut parler de la logique comme d'un processus continu de formalisation. D'un point de vue sociologique, ensuite, dire que les actions sont des actions équilibrées «revient à faire voir comment ce passage de l'acte réel à l'opération mentale est solidaire d'une coopération concrète entre les individus et d'un système de communication entre eux» (1949: 11). Comme on le voit, pour Piaget, la logique est la forme toujours émergente du dynamisme des structures vivantes. Mais elle est aussi le produit d'une coopérations sociale qui, comme Piaget l'avait déjà expliqué dans le Jugement moral chez l'enfant et comme il l'expliquera mieux surtout dans les Ètudes sociologiques, est la source des normes idéales qui engendrent les reglès morales (1932: 326). Enfin, elle s'instaure grâce aux échanges discursifs entre les individus. Logique, morale et discours viennent ainsi à coïncider. C'est sur ce dispositif théorique que Piaget compte pour sortir du logicisme verbaliste, dans lequel en revanche von Wright semble se renfermer. Il n'est pas dans mon intention de développer un discours de philosophie de la logique par rapport à ces positions de von Wright et surtout de Piaget. D'autres, par exemple Apostel (1982), l'ont fait avec une compétence que je ne possède pas. Au contraire, il m'intéresse de montrer quelques points, pour ainsi dire, de "contenu" qui pourront rendre l'idée des différentes perspectives psychologiques, sociologiques et plus largement éthiques que ces deux auteurs ont incorporé à leur conception de la logique. Ma conviction est que les suggestions qui sortiront de cette confrontation peuvent nous aider à une évaluation plus adéquate de la norme et du changement normatif.

3. Tout au début de son livre Norme et action, von Wright se pose la question de savoir si les normes morales sont à classifier dans le même groupe que les règles du jeu, ou dans celui des normes de la coutume ou encore celui des prescriptions (1963: 49). Sa reponse est que les normes morales sont différentes de toutes ces règles, même si, dans leur ensemble, elles mantiennent avec ces règles des relations complexes (1963: 51). Dans le Jugement moral chez l'enfant, Piaget écarte d'un seul coup ces analyses classificatoires et, tout en présupposant la conclusion à laquelle von Wright parvient, il se sert euristiquement des règles d'un jeu d'enfants (le jeu des billes) pour décrire et expliquer le fonctionnement des normes morales chez l'enfant. L'observation de la pratique du jeu et le colloque avec les enfants amène Piaget à poser la distinction entre la conscience de la règle et la pratique de la règle, entre le jugement moral théorique et le jugement moral pratique. Le jugement moral théorique est celui que l'enfant exprime pendant le colloque. Le jugement moral pratique est celui qui sert à l'enfant de guide dans son comportement moral effectif. Le problème est de voir dans quelle mesure il y a coïncidence entre ces deux types de jugement. L'hypothèse de Piaget, d'ailleurs bien connue, est que entre le jugement moral théorique et le jugement moral pratique il y a un décalage temporelle, tel que le premier se manifeste avec du rétard par rapport au second, en guise de prise de conscience des produit déjà realisés dans la pensée concrète. En passant, je voudrais faire remarquer que, ainsi faisant, Piaget prend à contre-pied ceux qui affirment que le discours moral est un discours arbitraire sans aucune liaison effective avec la conduite morale. S'il en est ainsi, alors ceuxi-ci devraient expliquer pourquoi certains jugements moraux apparaîssent seulement à un certain point du développement cognitif de l'enfant, et qu'ils tendent à coïncider avec les jugement moraux pratiques. Mais revenons-en à la prise de conscience. Brièvement, on pourrait dire qu'elle est règlée par deux "lois". La première "loi" dit que ce qui est le premier sur le plan de l'action est le dernier sur le plan de la prise de conscience. En posant celà, Piaget, qui ainsi rejoint une intuition de Kant , peut rattacher la notion de bien moral à ses racines affectives profondes: «la notion du bien, qui en général (et en particulier chez l'enfant) apparaît après la notion du devoir pur, constitue peut-être la prise de conscience final de ce qui est au contraire la première condition de la vie morale: le besoin d'affection réciproque» (1932: 143). La seconde "loi" de la prise de conscience dit que la prise de conscience est une reconstruction et donc une construction originale qui se superpose aux constructions dues à l'action. En tant que tel, elle est nécessairement en retard sur l'activité proprement dicte. En d'autres termes, pendant les premieres années, en superposition au besoin d'affection réciproque, la contrainte, même légère des adultes, engendre une cristallisation de sentiments de devoir dont la prise de conscience, ou verbalisation, se concrétise en termes de ce que Piaget appele «réalisme moral». Cette formation discursive constitue pendant une très longue periode la conscience morale de l'enfant, du moins, jusqu'à ce que, grâce à une reconstruction ultérieure, le retard soit comblé entre la pratique désormais coopératoire et la conscience théorique encore toute imprégnée de réalisme moral. Donc, dans l'évolution psychogénétique, mais probablement dans l'évolution en général du discours moral, on rencontre deux phases. Dans la première, il y a une appropriation purement verbale des normes qui viennent à l'enfant de l'extérieur. Dans la seconde, il y a une reconstruction discursive des principes déjà contenus dans l'action. Une reconstruction qui conduit à récuperer, de façon normative et stable, la réciprocité sympathetique originaire, qui demeurait à un état spontané et labile. Or, il me semble que ces deux "lois" de la prise de conscience mises en évidence par Piaget, nous permettent de voir que l'événement dont nous parle von Wright est plus complexe de la façon dont lui-même nous le décrit. En fait, les transformations normatives ne se produisent pas en un temps homogène, mais en des temps hétérogènes et liés entre eux par un ordre de succession et de reconstruction. Si on veut prendre en compte cette hétérogéneité temporelle, alors la formule de von Wright pTq devrait être modifiée comme il suit:

T

pTq ----> pTq

t1--------> t2

Cette nouvelle notation nous indique que dans le monde moral, en plus des transformations induites par chaque norme en un temps homogène, il y a aussi des transformations qui consistent dans le passage d'une norme d'un temps à un autre, à l'intérieur desquels cette même norme acquière ses différentes significations. Ces transformations sont probablement à l'origine des conflits normatifs que von Wright a en partie analysés en termes de validité des normes, ou de conflits de volonté, ou encore d'usurpation révolutionnaire de pouvoir normatif. Il les a aussi analysés à propos du rapport parents-enfants, au moment où il a remarqué que les adultes juissent «d'une superiorité naturelle de force vis-à-vis des enfant. C'est pour cette raison qu'ils peuvent donner des ordres aux enfants. Quand les enfants grandissent et deviennent majeurs, cette superiorité vient à s'épuiser tout naturellement. Avec l'épuisement de la superorité de force, les ordres cessent. Dans les relations entre les adultes et leurs enfants, les mises en gardes et les conseils prennent la place des ordres et des prohibitions» (1963: 181). Ici, comme on le voit, la transformation change la forme elle-même des normes (de obligations à mises en garde, ecc.). Mais le point sur lequel je voudrais attirer l'attention est la théorie de la force qui régit ce passage et, en général, toute la conception du monde normatif chez von Wright. Pour von Wright, poser une norme revient en premier lieu à la promulguer, c'est-à-dire à la communiquer aux sujets de la norme par le moyen du langage. En second lieu, à menacer de sanctions ceux qui lui désobeiront (1963: 178). Comme on le voit, on retourne à nouveau à la force, qui est la seule qui permet de rendre efficace la menace de la sanction. En ce qui concerne le langage, il a la fonction importante, mais tout à fait accessoire, de transmettre de l'information. C'est justement au sujet du langage qu'on peut mieux apprecier la conception différente de Piaget du rapport normatif entre adultes et enfants, mais aussi de tout l'univers normatif. En effet, ce qu'il nous suggère, c'est que le discours normatif passe ne seulement parce que celui qui le tient est doué d'autorité, mais aussi parce que celui-ci fait l'objet d'un sentiment de respect de la part de celui qui reçoit la norme. Or, pour Piaget, qui reprend ici une position élaborée par Pierre Bovet à partir de Kant, le respect, qu'il re-baptise comme respect unilatéral, par opposition au respect réciproque, n'est autre chose qu'un sentiment mixte d'amour, d'admiration et de crainte. Donc, nous sommes ici loin de la simple imposition de force, car le respect nécessite un consentement qui comporte non seulement la crainte, mais aussi un sentiment d'amour et d'admiration pour la personne qui pose la norme. Donc, si les adultes peuvent donner des ordre aux enfants, cela est en raison du fait que ceux-ci craignent mais aussi aiment et admirent les adultes. Ils les regardent comme des êtres prestigieux, (même s'il est aussi vrai que, comme le faisait remarquer avec profondeur François Mauriac, il y a souvent de «l'indifférence des enfants à l'égard des adultes»). Pour von Wright, l'épuisement naturel de la position de force entre parents et enfants explique la transformation des ordres en mises en garde, des prohibitions en conseils. Mais s'il n'y avait pas eu auparavant ce sentiment d'amour et d'admiration qui s'accompagne de la crainte, est-ce qu'il n'aurait pas été plus logique de s'attendre à de la revolte contre les adultes, plutôt que l'écoute bienveillante des mises en garde et des conseils? On voit ici combien les facteurs affectifs pèsent dans les transformations normatives, en particulier dans celles qui introduisent une hétérogéneité dans le temps de la norme. 4. Quelles conclusions peut-on tirer de cette brève confrontation entre Piaget et von Wright? De ce que nous avons vu jusqu'ici, nous pouvons dire que tant pour l'un, que pour l'autre la norme est un objet de discours lié au changement. En particulier, pour von Wright, énoncer une norme revient à introduire un changement, une transformation dans le monde. La norme produit un évènement. Cependant, Piaget nous fait entrevoir une notion de changement plus profond que celui de von Wright, un changement qui introduit une rupture dans le temps de la norme, et dont il faut chercher l'origine dans des facteurs affectifs profonds. Ce qui se rallie à un principe général mais très important de L. S. Vygotsky, suivant lequel les productions discursives dependent de la combinaison du domaine des "passions" avec celui de la "pensée" (1934: 391). Une nouvelle signification de la transformation normative émerge, alors, de l'encastrement de ces perspectives différentes mais convergentes. La norme en tant que transformation n'est plus seulement le reflet verbal du passage d'un état du monde à un autre (von Wright), ou un système d'opérations réversibles qui, comme j'ai cherché de le montrer ailleurs (Aqueci, 1995), est cependant fermé en lui-même (Piaget), mais un objet de discours dont le temps est marqué par les transformations sous-jacentes de la structure affective du respect. D'ailleurs, ce n'est pas par hasard que dans le roman de Tourgeniev, Pères et fils, l'un des textes auxquels on fait remonter la naissance du nihilisme contemporain, le manque de respect est blâmé ou revendiqué, selon les points de vue, comme la cause de ce qu'on appelle, selon une expression pas mal désabusée, la «crise des valeurs». Mais ce qui Piaget nous suggère, c'est qu'en tant que le devoir demeure comme une sorte d'invariant quasi-biologique (Premack), les transformations du respect n'ouvrent pas la voie seulement à la destruction nihiliste, mais aussi à la construction, bien sûr toujours risquée, de nouvelles normes.

Références bibliographiques

Apostel, 1982 = L. Apostel, «The future of piagetian logic», Revue internationale de philosophie

Aqueci, 1995 = F. Aqueci, «Argumentation et dialogue: le problème de la compréhension dans les échanges socio-discursifs», L'Année Sociologique,1995, II, «Argumentation et sciences sociales», pp. 11-34

Piaget, 1949 = J. Piaget, Essai de logique opératoire, Paris, Dunod, 1972

Piaget, 1932 = J. Piaget, Le jugement moral chez l'enfant, Paris, PUF, 1995

Wygotsky, 1934 = L.S. Wygotsky, Pensiero e linguaggio, Bari, Laterza, 1990

von Wright, 1963 = G.H. von Wright, Norm and action, London, Routledge & Kegan, 1963, tr. it. Bologna, Il Mulino, 1989


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